Fausse couche et deuil périnatal : faut-il consulter un psychologue ? – Avec Betty Jereczek, psychologue
- etatsdamespodcast
- 11 nov.
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 3 jours
Introduction
Une fausse couche, qu’elle soit précoce ou tardive, n’est jamais un “simple incident médical”.C’est un choc physique, émotionnel et parfois spirituel, qui peut laisser une trace profonde dans la vie d’une femme, d’un couple, et d’une famille.
Dans cet épisode d’États Dames, Stéphanie Jary accueille Betty Jereczek, psychologue depuis 13 ans, qui a accompagné plus de 3000 personnes sur des thématiques comme les traumatismes, les chocs émotionnels, l’hypersensibilité ou encore le manque de confiance en soi. Ensemble, elles abordent une question essentielle :
Après une fausse couche, faut-il consulter un psychologue, même si “ça va à peu près” ?
⚠️ Fausse couche et deuil périnatal : pourquoi en parler peut être difficile ?
Betty le dit très clairement :
“Je ne reçois pas assez de femmes pour ce motif, et c’est bien le signe que ce n’est pas encore un réflexe.”
Pourquoi ?
Parce que la fausse couche reste un sujet tabou, même aujourd’hui.
Parce que l’entourage minimise souvent (“c’était tôt”, “c’est mieux comme ça”, “tu en auras un autre”).
Parce que beaucoup de femmes se disent qu’elles ne sont pas légitimes à consulter :
“Ce n’était qu’une fausse couche précoce…”
“Je devrais laisser ma place à quelqu’un qui va plus mal…”
Résultat : de nombreuses femmes traversent cette épreuve seules, dans le couple, en famille, au travail… alors même qu’un soutien psychologique pourrait leur éviter de porter ce poids pendant des années.
🧠 Une fausse couche, est-ce vraiment un deuil périnatal ?
Oui, pour beaucoup de femmes, il s’agit bien d’un deuil périnatal, même si la grossesse était très peu avancée.
Dès les premières semaines :
le corps est bouleversé par les hormones,
la femme commence souvent à s’attacher intérieurement à ce bébé,
un projet de vie se met en route, surtout quand la grossesse était très désirée.
Betty explique qu’une fausse couche, c’est :
un processus de deuil,
une empreinte émotionnelle et psychologique,
parfois aussi un traumatisme physique (intervention, passage aux urgences, injections, etc.).
Peu importe le stade de grossesse : si tu ressens que “quelque chose s’est brisé” en toi, tu es légitime à parler de ce que tu vis.
🔍 Quels signes montrent que j’aurais besoin d’aide après une fausse couche ?
Il n’y a pas de “bonne” réaction à une fausse couche. Mais certains signes doivent alerter, surtout s’ils durent dans le temps :
Tristesse intense qui ne diminue pas
Perte de sens, impression que la vie est en “pause”
Difficulté à se projeter dans l’avenir
Ruminations : “Pourquoi ça n’a pas marché ?”, “Qu’est-ce que j’ai fait de mal ?”
Culpabilité, honte, sentiment d’échec
Rancœur ou incompréhension vis-à-vis du conjoint ou de l’entourage
Isolement, envie de se couper du monde
Colère contre le corps, la vie, la médecine
Symptômes de dépression : fatigue extrême, perte d’envie, idées noires
Betty rappelle que beaucoup de femmes consultent tard, parfois un an ou plus après, lorsque le deuil devient ce qu’on appelle en psychologie un deuil pathologique (la souffrance reste aussi intense que les premiers jours).
👉 Message clé :Tu n’as pas besoin “d’aller très mal” pour consulter.Même une seule séance peut aider à intégrer cet événement dans ton histoire, avec douceur.
😔 Pourquoi est-ce que je me sens coupable alors que je n’y suis pour rien ?
La culpabilité est omniprésente après une fausse couche :
“Mon corps n’a pas su…”
“J’aurais dû faire autrement…”
“Je n’ai pas réussi à donner un enfant en bonne santé…”
Betty explique que :
La culpabilité essaie de redonner une illusion de contrôle (“si c’est de ma faute, c’est que j’aurais pu faire quelque chose”).
Mais en réalité, dans la grande majorité des cas, la femme n’est pas responsable de ce qui s’est passé.
Le travail thérapeutique permet de :
différencier responsabilité et culpabilité,
redonner sa place au corps : non pas comme ennemi, mais comme allié qui a fait ce qu’il pouvait,
reprendre confiance en soi et en la vie.
🧺 Pourquoi consulter même si “je pense gérer” ma fausse couche ?
Parce que :
Mettre le couvercle sur ses émotions n’efface pas l’événement.
La souffrance peut ressurgir plus tard : nouvelle grossesse, difficultés à concevoir, accouchement, autre événement de vie…
Le fait d’intégrer cet épisode à son histoire évite que la blessure reste ouverte pendant des années.
Betty encourage vivement à :
ne pas attendre d’être au fond du trou,
consulter même une seule fois, pour déposer ce qui a été vécu et le regarder avec un regard bienveillant.
“C’est un événement important de ta vie. Il mérite qu’on en prenne soin, comme on prend soin d’une cicatrice pour qu’elle guérisse mieux.”
🤝 Comment l’entourage peut-il vraiment aider après une fausse couche ?
Ce qui aide le plus, ce n’est pas forcément de “trouver les bons mots”, mais :
Être là, physiquement.
Offrir une épaule, un câlin, un silence sécurisant.
Éviter les phrases qui minimisent :
“Tu en auras d’autres”
“C’est mieux comme ça”
“Ce n’était pas encore un bébé”
À la place, on peut dire :
“Je suis là pour toi, tu peux m’en parler si tu veux.”
“Ce que tu vis est important, tu as le droit d’être triste.”
“Est-ce que tu veux que je reste avec toi ? Que je t’aide pour quelque chose de concret ?”
Et surtout : ne pas casser les croyances qui aident à tenir.Si une femme se raccroche à un symbole (un oiseau, un signe, une date…), ce n’est pas “ridicule”. C’est souvent ce qui lui permet de respirer encore un peu.
👨👩👧 Faut-il en parler aux enfants de la famille ?
Oui, mais avec des mots adaptés à leur âge.
Les enfants :
ressentent très vite que quelque chose ne va pas,
se placent au centre de l’histoire (“si maman est triste, c’est peut-être de ma faute”),
peuvent se croire responsables si personne ne leur explique.
Betty propose une façon simple de l’expliquer à un enfant :
“Maman est très triste en ce moment parce que j’avais un petit bébé dans mon ventre. Malheureusement, il n’était pas en bonne santé et son cœur s’est arrêté de battre. Ce n’est pas à cause de toi. Toi, tu peux continuer à jouer, à rire, à vivre ta vie d’enfant. Ma tristesse, c’est à moi, je vais m’en occuper.”
Ce type de parole :
soulage l’enfant,
le rassure,
montre que l’émotion existe, mais qu’elle est prise en charge par l’adulte.
🩺 Faut-il consulter avant une grossesse ou seulement après une fausse couche ?
Les deux sont possibles, et les deux sont utiles.
Beaucoup de femmes consultent :
en projet de grossesse, pour travailler sur :
leurs peurs,
leur histoire familiale,
leur crainte de reproduire certains schémas.
pendant la grossesse, notamment dans le cadre d’un accompagnement en hypnose périnatale.
après une fausse couche ou un accouchement, pour intégrer l’expérience vécue.
Consulter avant peut permettre de :
repérer des freins émotionnels,
déposer d’anciennes blessures,
aborder la maternité plus sereinement.
💬 Comment se passe un accompagnement avec une psychologue comme Betty Jereczek ?

En séance, Betty :
accueille sans jugement tout ce qui se passe : colère, tristesse, incompréhension, culpabilité, questions spirituelles…
aide à mettre des mots sur l’expérience,
replace la fausse couche dans l’histoire globale de la personne,
donne des clés pour :
communiquer avec le conjoint,
poser ses besoins (“j’ai besoin que tu me prennes dans tes bras”, “j’ai besoin que tu m’écoutes sans minimiser”),
se reconnecter à son corps avec douceur.
Elle peut aussi utiliser des outils comme l’hypnose pour :
accompagner le processus de séparation,
permettre de dire au revoir,
donner du sens à ce qui a été vécu (y compris sur un plan plus spirituel, si cela parle à la personne).
🚨 Et si je n’en peux plus, vers qui me tourner ?
Si tu te reconnais dans ces phrases :
“Je ne vois plus le sens de ma vie.”
“Je me demande à quoi bon continuer.”
“Je me sens au bord du gouffre.”
➡️ Parle-en immédiatement à quelqu’un :
à un proche de confiance,
à ton médecin traitant, ta sage-femme, ton gynécologue,
à un(e) psychologue ou psychiatre.
Et en cas d’idées noires ou suicidaires :📞 3114 – Numéro national de prévention du suicide, gratuit, 24h/24, 7j/7.
Tu as le droit d’être aidée. Tu n’as pas à traverser ça seule.
🌷 En résumé : faut-il consulter après une fausse couche ?
La réponse de Betty est claire :
Oui, dès que tu en ressens le besoin – même si ce besoin te semble “petit” ou “pas légitime”.
Consulter ne veut pas dire que tu es “faible” ou que tu dramatises.Consulter, c’est :
reconnaître que ce que tu as vécu compte,
prendre soin de ta santé mentale,
donner une place à ce deuil dans ton histoire,
t’offrir une chance d’avancer avec plus de douceur et moins de solitude.



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