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TDAH adulte : quels sont les signes et comment le reconnaître ? Avec Émilie Boddez, thérapeute spécialisée dans l’accompagnement des adultes TDAH et formée à la Gestalt-thérapie

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Trigger warning : cet épisode évoque l’estime de soi, la honte, la culpabilité, le sentiment d’être “trop” ou “pas assez”, ainsi que la fatigue mentale liée au TDAH.

Recevoir un diagnostic de TDAH à l’âge adulte, c’est comme allumer la lumière dans une pièce où l’on a vécu toute sa vie dans la pénombre.Soudain, tout s’éclaire : les difficultés à s’organiser, la procrastination, l’hyperactivité mentale, l’hypersensibilité, les relations compliquées, la fatigue…Mais cette prise de conscience s’accompagne souvent d’un tsunami émotionnel : soulagement, tristesse, colère, vertige, et une immense remise en question.


Dans cet épisode d’États Dames, je reçois Émilie Boddez, thérapeute spécialisée dans l’accompagnement des adultes TDAH et formée à la Gestalt-thérapie. Elle accompagne celles et ceux qui découvrent leur fonctionnement atypique et cherchent à mieux se comprendre… sans se juger.


Qui est Émilie Boddez ?

Émilie est thérapeute spécialisée dans le TDAH adulte et formée à la Gestalt-thérapie.Elle reçoit au cabinet et en visio des adultes qui viennent de mettre un mot sur leurs difficultés : TDAH.

Dans son approche :

  • elle relie émotions, corps et vécu du patient,

  • elle ne s’arrête pas au mental (déjà en ébullition chez beaucoup de TDAH),

  • elle aide à adapter le quotidien : organisation, gestion du temps, priorités, charge mentale,

  • elle remet la personne au centre de sa propre thérapie, dans une approche profondément humaniste.


Le TDAH à l’âge adulte : quand le diagnostic réécrit toute une vie

Beaucoup d’adultes avec un TDAH n’ont jamais été diagnostiqués enfants.Ils arrivent en thérapie avec :

  • des années de décalage ressenties,

  • des phrases qui ont marqué : “Tu es trop dispersé·e”, “Tu es dans la lune”, “Tu ne fais jamais les choses jusqu’au bout”,

  • des bulletins scolaires, reproches, conflits familiaux, incompréhensions accumulées.

Au moment du diagnostic, Émilie observe souvent deux temps :

  1. Le soulagement

    “Je comprends enfin pourquoi j’ai vécu tout ça… Ça explique tellement de choses.”

  2. Le vertige

    “OK, j’ai un TDAH… mais qu’est-ce que je fais de ça maintenant ?”

C’est là que commence le travail thérapeutique : passer de l’étiquette à la compréhension de soi, puis à l’action.


Honte, culpabilité, sentiment d’être “nulle” : le poids émotionnel du TDAH

Chez les adultes TDAH, Émilie retrouve très souvent :

  • une baisse massive de l’estime de soi,

  • une perte de confiance,

  • le sentiment d’être “nul·le”, “pas à la hauteur”, “différent·e des autres”,

  • une impression de ne jamais rentrer dans la norme, voire d’être un “extraterrestre”.

À cela s’ajoutent :

  • une tristesse profonde,

  • une colère souvent bloquée,

  • beaucoup de peur (peur d’échouer, d’être jugé·e, d’être rejeté·e),

  • et parfois une coupure totale des émotions.

Pour survivre, certains adultes TDAH ont construit dès l’enfance une armure émotionnelle :ils se coupent de ce qu’ils ressentent pour ne plus souffrir.En séance, quand Émilie demande : “Que ressentez-vous ?”, la réponse peut être :

“Je ne ressens rien.”

Ou au contraire, l’inverse : des émotions tellement fortes qu’elles deviennent incontrôlables :

“Je suis submergé·e, je ne sais pas quoi en faire.”

La Gestalt-thérapie : redescendre du mental vers le corps

La Gestalt-thérapie permet de ne pas rester coincé dans le mental (déjà surchargé chez les personnes TDAH).

Avec ses patients, Émilie :

  • ramène l’attention vers le corps :

    Où est-ce que tu ressens cette émotion ? Dans le ventre ? La poitrine ? La gorge ?

  • interroge les sensations : chaud, froid, tension, pression, douleur, vide…

  • relie ces ressentis à des émotions et à des situations concrètes.

Petit à petit, la personne :

  • apprend à identifier ce qu’elle ressent,

  • comprend ce que ses émotions viennent lui dire,

  • sort de l’automatisme “je fonce / je bloque / je m’effondre”.

C’est un travail en profondeur, idéal pour un cerveau qui tourne vite : on vient poser, ancrer, ralentir.


Adapter son quotidien : organisation, tâches et gestion du temps

Le TDAH n’est pas “juste” une histoire de concentration.Dans le quotidien, Émilie voit souvent :

  • des problèmes d’organisation,

  • une gestion du temps très complexe,

  • de la procrastination,

  • une sensation que chaque petite tâche est une montagne.

Elle raconte par exemple le cas d’une cliente paralysée par ses dossiers administratifs.Ensemble, elles ont :

  1. découpé la tâche : combien de temps pour un dossier ?

  2. planifié dans l’agenda : jour + heure précise, après une phase de repos,

  3. autorisé un temps réduit si besoin (15 minutes au lieu d’une heure),

  4. mis en place une récompense après l’effort (activité plaisir, sortie, moment ressource).

Ce type d’accompagnement permet :

  • de réduire l’anxiété liée à l’action,

  • de redonner à la personne un sentiment de capacité : “Je peux y arriver, étape par étape”,

  • de sortir de la boucle “je procrastine → je culpabilise → je me sens nulle”.


TDAH et entourage : expliquer son fonctionnement sans se perdre

Le TDAH est un trouble invisible : on ne le voit pas sur un visage ou une radio.Pour l’entourage, il est parfois tentant de réduire cela à :

  • “tête en l’air”,

  • “bordélique”,

  • “il/elle n’écoute jamais”,

  • “il/elle ne fait aucun effort”.

Émilie rappelle à quel point il est crucial :

  • d’expliquer concrètement ce que le TDAH implique au quotidien,

  • de parler en “je” :

    “Je me fatigue plus vite.”“Je perds la notion du temps.”“J’ai du mal à passer à l’action même si je veux vraiment faire les choses.”

  • de décrire les difficultés réelles plutôt que de se justifier en permanence.

Elle observe aussi :

  • des familles ou proches qui minimisent :

    “Le TDAH, encore un truc à la mode, n’importe quoi…”

  • ce qui crée une nouvelle couche de honte et de solitude chez la personne.

Pour Émilie, le TDAH n’est pas un effet de mode.C’est un trouble réel, avec des personnes en souffrance derrière.


Relations, amour et TDAH : trouver un équilibre à deux

Dans le couple, le TDAH peut amener :

  • des tensions autour du rangement, de l’organisation, des affaires qui traînent,

  • des incompréhensions :

    “Il/elle laisse toujours tout en plan, c’est de la flemme.”

  • de la sensibilité exacerbée aux mots, au ton, aux critiques.

Émilie insiste :

  • la personne TDAH fait souvent déjà énormément d’efforts pour rentrer dans un cadre,

  • ce n’est pas de la mauvaise volonté, mais un fonctionnement neurologique différent,

  • l’autre partenaire doit apprendre à s’adapter, faire preuve de souplesse, de tolérance, de curiosité.

Elle encourage les personnes TDAH à être authentiques dès le départ :

  • dire qu’elles ont un TDAH,

  • expliquer leur fonctionnement,

  • éviter le masking (se camoufler pour paraître “normal·e”), qui finit toujours par exploser.


Apaiser le cerveau qui tourne à 1000 à l’heure : sommeil, rituels et respiration

Un des grands défis des adultes TDAH : le soir.Au moment de se coucher, le cerveau :

  • refait la journée,

  • anticipe demain,

  • tourne en boucle,

  • empêche l’endormissement.

Émilie propose plusieurs pistes :

  • instaurer des rituels de coucher (heure fixe, gestes répétitifs rassurants),

  • limiter les écrans avant le sommeil,

  • parfois envisager un soutien (mélatonine, avis médical, huiles essentielles, etc.),

  • utiliser des pratiques corporelles : yoga, sophrologie, relaxation, respiration guidée,

  • ou au contraire, pour certains, décharger l’énergie par le sport (course, boxe, natation…).

Elle rappelle aussi que la méditation ne convient pas à tout le monde :

  • chez certaines personnes TDAH, elle peut même augmenter le flux de pensées,

  • l’important est de trouver ce qui fonctionne pour soi (respiration, mouvement, écriture, sport, etc.), sans se forcer à rentrer dans un modèle.


La métaphore de l’autoroute : comprendre son cerveau autrement

Pour expliquer le TDAH, Émilie utilise une image très parlante :

Le cerveau, c’est comme un système de routes.
  • Parfois, c’est une autoroute où tout va trop vite : impossible de freiner, de s’arrêter au feu rouge, de prendre la bonne sortie à temps.

  • Parfois, c’est un bouchon géant : tout est bloqué, l’info ne circule plus, impossible de passer à l’action.


Le TDAH, c’est ce cerveau qui alterne entre vitesse extrême et blocage complet.Et la thérapie, c’est un peu comme apprendre à conduire autrement, avec :

  • des panneaux plus clairs,

  • quelqu’un qui aide à faire la circulation,

  • des pauses sur l’aire d’autoroute,

  • et des freins qui fonctionnent enfin.


Un message d’espoir pour les adultes qui découvrent leur TDAH

À la fin de l’épisode, Émilie adresse un message fort :

  • Oui, on peut vivre avec un TDAH.

  • Oui, on peut créer une vie qui nous ressemble, en s’adaptant à son fonctionnement.

  • Le TDAH n’est pas un défaut, c’est une caractéristique, avec aussi des forces : créativité, idées, intuition, sensibilité.

Elle encourage :

  • à se faire accompagner (thérapie, médecins, professionnels formés au TDAH),

  • à mieux se connaître,

  • à s’appuyer sur ses forces,

  • à croire qu’une vie plus douce, plus alignée, est possible, même avec un TDAH.

“Le TDAH n’est pas une erreur. C’est une manière d’être au monde. À vous maintenant de faire de cette différence une force.”

Où écouter l’épisode avec Émilie Boddez ?

🎧 Écouter l’épisode complet sur le TDAH adulte avec Émilie Boddez :









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