Je dois avoir recours à un don de gamètes : comment accepter et avancer ? - Avec Déborah Schouhmann-Antonio, thérapeute spécialisée en périnatalité
- etatsdamespodcast
- il y a 3 jours
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Trigger warning : cet article et l’épisode évoquent l’infertilité, la PMA, le don de gamètes, les fausses couches et le deuil de la grossesse naturelle.
Quand le désir d’enfant se heurte à l’infertilité, le parcours devient souvent un véritable marathon émotionnel. Pour certaines femmes et certains couples, la question du don de gamètes (don d’ovocytes ou de sperme) vient s’ajouter à un chemin déjà jalonné d’examens, d’attentes, d’espoirs et parfois d’échecs.
Dans cet épisode du podcast États Dames, je reçois Déborah Schouhmann-Antonio, thérapeute spécialisée en périnatalité depuis plus de 12 ans. Elle accompagne au quotidien des couples et des femmes en parcours PMA et les aide à traverser les étapes sensibles, dont le don de gamètes, avec plus de compréhension, de douceur et d’outils concrets.
Cet article revient sur les grands thèmes abordés dans l’épisode et explique en quoi l’accompagnement psychologique peut changer profondément la manière de vivre ce parcours.
Qui est Déborah Schouhmann-Antonio ?
Déborah Schouhmann-Antonio est thérapeute spécialiste de la périnatalité. Elle reçoit des femmes, des hommes et des couples confrontés à l’infertilité, à la PMA, aux fausses couches, aux interruptions médicales de grossesse, mais aussi à toutes les questions autour du désir d’enfant, de la grossesse, de l’accouchement et de la vie de couple.
Son engagement dépasse le cadre du cabinet :
Elle a créé la première Journée de l’Infertilité en France en 2014, pour visibiliser ces parcours encore trop tabous.
Depuis 2022, elle travaille aux côtés de la députée Prisca Thévenot pour améliorer la prise en charge de la santé des femmes : information, dépistage plus précoce de pathologies comme l’endométriose, le SOPK, les fibromes, meilleure écoute des douleurs, etc.
Son approche mêle expertise, écoute et un engagement fort pour que les femmes ne soient plus abandonnées face à leurs symptômes ni réduites à leur capacité à “faire un enfant”.
PMA, infertilité et santé des femmes : quand le diagnostic arrive trop tard
Dans l’épisode, Déborah rappelle un constat difficile : très souvent, les diagnostics (endométriose, syndrome des ovaires polykystiques, fibromes…) sont posés au moment du désir d’enfant, donc tard.
Cela signifie que :
Pendant des années, les femmes vivent avec des douleurs (règles très douloureuses, symptômes digestifs, fatigue…) sans qu’on prenne ces signaux au sérieux.
Le dépistage se fait dans une logique de “médecine d’urgence” : on cherche une solution rapide pour permettre une grossesse, alors que ces pathologies impactent la santé globale, la sexualité, le travail, la vie sociale…
Déborah plaide pour :
une information dès l’adolescence,
des rendez-vous de dépistage réguliers au fil de la vie (adolescence, 25–30 ans, 40 ans, ménopause),
une vision de la santé des femmes qui ne soit plus uniquement centrée sur la maternité.
Le don de gamètes : un parcours de plusieurs deuils
Le don de gamètes est parfois présenté comme une “solution” logique quand la PMA classique ne fonctionne pas. Mais émotionnellement, c’est un véritable séisme intérieur.
Déborah explique qu’il ne s’agit pas d’un seul deuil, mais de plusieurs :
le deuil de la grossesse “naturelle”, celle qu’on espérait voir arriver “sous la couette”,
le deuil des tentatives de PMA qui n’ont pas abouti,
puis le deuil de sa propre génétique quand on accepte un don d’ovocytes ou de sperme.
Accepter un don, ce n’est pas “renoncer par dépit”, c’est choisir un autre chemin de parentalité. Pour cela, il faut du temps, de l’information, et souvent un espace pour déposer ses peurs, sa colère, sa tristesse, sa culpabilité…
Des émotions légitimes : colère, jalousie, honte…
Une partie très forte de l’épisode est consacrée aux émotions que vivent les personnes en parcours PMA :
la colère (“Pourquoi moi ? Pourquoi mon corps ne fonctionne pas comme celui des autres ?”),
la jalousie face aux grossesses “faciles” dans l’entourage,
la honte de ne pas réussir à faire “la chose la plus naturelle du monde”,
le sentiment d’échec ou de “ne pas être à la hauteur”.
Déborah rappelle avec beaucoup de douceur que toutes ces émotions sont légitimes et qu’elles font partie du chemin. Elles ne font de personne quelqu’un de “moins bien” ou de “moins fort”.
Elle compare le parcours de PMA à un marathon, pas à un sprint : on ne peut pas tenir la distance en restant souriante et positive en permanence. On a le droit de craquer, de douter, de faire une pause, de changer d’avis.
Le couple au cœur du don : décider à deux
Dans l’épisode, un point essentiel revient souvent : on ne peut pas entrer dans un parcours de don “pour faire plaisir à l’autre”.
Déborah invite chaque membre du couple à se poser des questions personnelles :
Qu’est-ce que “faire un enfant” représente pour moi ?
Ai-je besoin que cet enfant porte ma génétique pour me sentir parent ?
Est-ce que je suis prêt·e à aimer un enfant issu d’un don comme mon enfant à part entière ?
Elle insiste sur l’importance :
de laisser à chacun son temps de réflexion,
de pouvoir dire “je ne suis pas prêt·e” ou “ce n’est pas la voie pour moi”,
de ne pas juger celles et ceux qui décident d’arrêter un parcours trop lourd pour eux.
Dire “stop” peut aussi être un acte de force et de protection de soi.
Droit d’accès aux origines : un sujet sensible à penser sereinement
La loi bioéthique de 2021 permet désormais aux enfants nés d’un don de gamètes d’accéder, à leur majorité, à certaines informations sur le donneur ou la donneuse.
Déborah n’a pas de position “toute faite” sur ce point :
Pour elle, l’essentiel est que chaque parent puisse réfléchir à la manière et au moment où il souhaite parler du don à son enfant.
Elle encourage à ne pas faire du don un secret, mais à l’intégrer naturellement à l’histoire de l’enfant, avec des mots adaptés à son âge.
Elle rappelle qu’un donneur n’est pas un “père” ou une “mère” au sens relationnel du terme, mais un tiers donneur, qui a permis à un projet parental d’exister.
L’épisode donne des pistes pour aborder ce sujet sans tabou, en distinguant la génétique de tout ce qui se transmet ensuite par l’éducation, les valeurs, le quotidien.
Pourquoi écouter cet épisode si vous êtes concernée par la PMA ou le don de gamètes ?
Cet épisode est fait pour vous si :
vous êtes en parcours PMA ou sur le point d’y entrer,
on vous a parlé de don d’ovocytes ou de don de sperme,
vous vous sentez perdue, en colère, jalouse, épuisée,
vous vous demandez jusqu’où vous pouvez aller sans vous perdre,
vous cherchez des mots justes pour expliquer la situation à votre partenaire, à votre entourage ou à votre futur enfant.
Vous y trouverez :
un regard très humain sur ce que vous traversez,
des réflexions concrètes pour prendre du recul,
un message d’espoir, que votre vie ait ou non un jour un enfant biologique,
la voix d’une professionnelle qui connaît de l’intérieur ces parcours et milite pour une meilleure prise en charge de la santé des femmes.
Où retrouver Déborah Schouhmann-Antonio et l’épisode ?
🔹 Écouter l’épisode complet :
🔹 Retrouver Déborah Schouhmann-Antonio :



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